[ PORTRAIT ]
Autrice / Royaume-Uni
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Rencontre avec Jasmine Blackbarrow
"Le vin est devenu la célébration, c'est lui qui a rendu le moment spécial."
On l’a récemment croisée en Princesse de Lamballe, poudrée et corsetée dans la série Marie-Antoinette.
Au fil des rôles, l’actrice britannique Jasmine Blackborow parcourt les scènes et plateaux du monde entier, de la Nouvelle-Zélande à la Serbie en passant par Paris. Chaque tournage devient alors l’occasion de déguster les vins et l’art de vivre local, pour cultiver une curiosité qui se mue peu à peu en fascination.
Depuis les coulisses de son quotidien, anatomie d’une passion... sans clap de fin.


Le métier d'actrice, était-ce une vocation dès le départ ?
Jasmine Blackborrow
Pas vraiment. J’adorais jouer quand j’étais enfant — j’étais toujours dans les pièces de l’école — mais, venant d’un milieu modeste sans aucun contact dans le milieu, je ne pensais pas que c’était une voie possible. J’ai finalement étudié la littérature anglaise et le théâtre à l’université, et l’un de mes professeurs m’a beaucoup encouragée à passer les concours d’écoles de théâtre. Grâce à lui, j’ai compris que c'était possible. J’ai été acceptée à la Central School of Speech and Drama à Londres, et tout s’est enchaîné à partir de là !

Et votre premier rôle marquant ?
Jasmine Blackborrow
Il m’a été offert par un de mes professeurs de théâtre justement, qui m’a emmenée avec lui en Australie et en Nouvelle-Zélande pour un projet un peu fou : le Pop-Up Globe. Il m’a confié le rôle de Desdémone dans Othello. On a joué à Auckland, puis à Melbourne, dans des reconstitutions grandeur nature du théâtre du Globe londonien. On a joué devant près de 200 000 spectateurs. Une aventure hors norme.

Est-ce à ce moment-là que votre intérêt pour le vin s’est éveillé ?
Jasmine Blackborrow
Effectivement, mon passage en Nouvelle-Zélande a été une révélation gustative. J’ai logé chez une femme incroyable à Auckland qui m’a fait découvrir le Chardonnay du Nouveau Monde — rond, beurré, très loin de ce que j’imaginais. Elle m’a complètement réconciliée avec ce cépage. Mais, mon vrai déclic, je le dois à mon mari. Il vient d’une famille d’agriculteurs, avec une profonde connaissance du travail de la terre. Sa mère est une cuisinière formidable, son père était journaliste et critique de vin. Alors forcément, Luke a grandi avec cette culture des bonnes choses. Il est d’ailleurs devenu cidrier ! Il s’inspire beaucoup des méthodes traditionnelles en passant du temps en Normandie. Il y a beaucoup de similitudes entre la vinification et l’élaboration du cidre : on choisit des variétés de fruits spécifiques pour créer des profils aromatiques différents, et chaque millésime dépend des conditions de l’année.

Vous avez récemment tourné à Paris pour interpréter la Princesse de Lamballe dans la série Marie-Antoinette. Comment se passent les tournages pour ce genre de film historique ?
Jasmine Blackborrow
C’est une production française diffusée sur Canal+, mais tournée en anglais pour un public international. L’équipe est un vrai mélange : scénariste britannique, production française, acteurs de toute l’Europe… l’interprète de Marie-Antoinette est allemande ! Les journées commencent très tôt — parfois à 4 ou 5 heures du matin. On nous emmène sur le château, et là, la transformation débute avec une préparation de plus de deux heures. L’étape de la coiffure était particulièrement impressionnante : l’équipe travaillait à partir de perruques mêlées à mes cheveux, pour un rendu totalement naturel. Puis vient le maquillage, pendant 45 minutes supplémentaires. Et les costumes ! Ils sont faits sur mesure, avec une précision absolue. Rien que pour enfiler un corset, il faut une demi-heure. Il doit d’abord s’adapter à la température du corps avant d’être serré correctement. Autant dire qu’après une journée entière dans ces costumes, un verre de blanc bien frais ou un joli rouge était toujours le bienvenu !

Ces tournages vous permettent des découvertes viticoles ?
Jasmine Blackborrow
Le tournage de la première saison de Marie-Antoinette, a eu lieu pendant la période du covid, j’avais beau vivre dans un superbe appartement dans le Marais, l’exploration des environs était restreinte ! Heureusement, j’ai la chance de beaucoup voyager grâce à mon travail. Récemment en Serbie, j’ai découvert des cépages anciens qu’on ne trouve quasiment pas au Royaume-Uni. Leur cépage rouge emblématique, c’est le Prokupac. Mais moi, j’ai eu un vrai coup de cœur pour un blanc à base de Tamjanika — une variété de Muscat. Le terroir serbe lui donne une minéralité superbe, tout en gardant des arômes de fruits très délicats. Depuis, je cherche activement ce style de vin !